La lutte des catholiques contre les francs-maçons est bien connue. Ce qui l'est moins est la forme qu'elle a prise au Québec, surtout à la fin du XIXème siècle alors qu'on lance force accusations et excommunications contre les quelques Canadiens français hérétiques. Mais les sectaires ne sont pas forcément ceux que l'on pense. En réalité, cette lutte cache des intérêts pas très catholiques! Au lieu de dire que l'on combat les partisans d'une pensée libérale en politique, au lieu de viser directement les dirigeants économiques anglophones en oubliant que beaucoup sont francs-maçons, au lieu d'expliquer franchement qu'on veut imposer une société de l'Ancien régime à la place d'une société moderne, on préfère parler de morale en distinguant les bons et les méchants, les intégristes catholiques qui sont les bons, on n'en doute pas, et les autres auxquels on affuble le vocable de franc-maçon, forcément les méchants, afin de les discréditer auprès de la population. Il est plus facile de s'attaquer à ses compatriotes, les Canadiens français rebelles, en donnant son appui aux Anglo-Canadiens francs-maçons lors des élections. C'est tout cela qui est raconté dans ce livre, ce combat des ultra catholiques de l'époque contre les progressistes sous prétexte de contrer la franc-maçonnerie. La technique du bouc émissaire n'est pas originale et les moyens employés que nous décrivons contre ceux qui parlaient et parlent de liberté sont encore les mêmes aujourd'hui. N'est-ce pas ?